Blog

Mésusage de l’alcool : dépistage, diagnostic et traitement (2023)

Comment repérer un mésusage de l'alcool chez l'adulte ?

Les indicateurs sociaux sont généralement les plus précoces :

– Problèmes avec le travail, la situation financière, la situation conjugale, problèmes relationnels répétés, violence domestique…


Les indicateurs cliniques les plus fréquents sont non spécifiques : troubles du sommeil, dépression, anxiété,
hypertension, accidents répétés, dilatation capillaire du visage, yeux rouges, troubles gastro-intestinaux,
troubles cognitifs…


Souvent, les indicateurs biologiques se positivent assez tardivement et ne peuvent pas suffire comme outil
de repérage en routine

En cas de mésusage de l'alcool, quelle surveillance biologique ?

Au
début de chaque nouvelle séquence de soins primaires ou en milieu spécialisé, et au moins tous les ans lors
d’un suivi ambulatoire :

Numération formule sanguine

TP

ASAT

ALAT

GGT

 

Si facteurs de risque :

Sérologie VHB

Sérologie VHC

Sérologie VIH

EXAMENS BIOLOGIQUES ET MESUSAGE D’ALCOOL : RAPPEL

L’usage de marqueurs biologiques est classique dans le repérage, l’évaluation et le suivi des personnes
présentant un trouble de l’usage de l’alcool.

De nombreux marqueurs biologiques ont été testés dans le but de repérer et suivre les personnes souffrant
de mésusage. Aujourd’hui, trois sont d’usage courant, les autres sont encore expérimentaux. Ces trois
marqueurs biologiques sont intéressants pour repérer une consommation chronique excessive d’alcool. Ce
sont la Gamma-Glutamyl Transférase (GGT), le Volume Globulaire Moyen (VGM) et la Transferrine
Déficiente en Carbohydrate (CDT). Aucun de ces marqueurs ne donne une indication du niveau de sévérité
de la conduite.

La Gamma-Glutamyl Transférase (GGT)

La Gamma-Glutamyl Transférase est une enzyme responsable du transport des acides aminés au niveau
membranaire (notamment la cystéine). Elle est présente dans de nombreux tissus ou organes : rein, foie, cœur, pancréas, canaux biliaires…
On mesure essentiellement la fraction hépatique de la GGT. La mesure est rapide, bon marché et précise.
Sa valeur normale est en général <50 UI/l chez l’homme et <40 UI/l chez la femme. L’élévation de la GGT se
produit en général après deux semaines environ d’une consommation régulière excessive (plus de 60 g
d’alcool pur par jour). Ceci n’est pas vrai chez les personnes de moins de 30 ans chez qui la GGT est particulièrement peu sensible.
En cas de réduction ou d’arrêt de l’alcoolisation le taux diminue environ de moitié tous les 15 jours environ.
La GGT est un marqueur peu sensible, sa spécificité n’est pas très élevée (environ 60 % de spécificité) car de nombreuses autres causes que l’alcool peuvent concourir à son augmentation, comme l’obésité, le diabète, les médicaments inducteurs enzymatiques et toutes les maladies hépatiques à l’origine d’une cholestase. Il n’y a pas de comparaison inter-individuelle des valeurs de la GT mais une bonne corrélation
intra-individuelle.
Il est à retenir que la GGT est peu utile au repérage des problèmes d’alcool dans une population non ciblée
et que son intérêt réside dans le suivi de son évolution chez les patients en phase de réduction de consommation ou de maintien de l’abstinence, comme un élément complémentaire à l’examen clinique.

La Transferrine Déficiente en Carbohydrate (CDT)

La transferrine est la molécule qui transporte le fer.

Elle existe sous plusieurs isoformes selon le nombre de noyaux carbohydrates qui y sont adjoints.

Lors d’une consommation d’alcool de 60 g et plus pendant au moins 10 jours, la fraction de la transferrine pauvre en carbohydrate (CDT) augmente. Sa demi-vie est de 15 jours environ.

La CDT a une sensibilité équivalente à celle de la GGT mais une spécificité généralement meilleure (80 à 90 % environ). Les autres causes d’augmentation de la CDT sont la grossesse, des anomalies
congénitales de certaines glycoprotéines, des variantes génétiques de la transferrine, et certaines atteintes hépatiques sévères.

Son coût reste élevé et son dosage relativement délicat.
L’association avec la GGT augmente sa sensibilité (jusqu’à 80 %).

Le Volume Globulaire Moyen (VGM)

L’élévation du VGM apparaît environ après 2 mois au moins d’une consommation excessive régulière.

Le retour à un volume normal est généralement très long, 3 mois environ après une réduction de la consommation en raison de la durée de vie des globules rouges.

La sensibilité du VGM est médiocre (30 à
40 %), sa spécificité nettement plus élevée (90 %). L’association GGT-VGM a une sensibilité de 70 % à 80 % environ.

En pratique ces marqueurs peuvent s’utiliser en complément de l’examen clinique pour le repérage d’une
consommation régulière excessive, le suivi d’une prise en charge thérapeutique, et l’utilisation de mesures
objectives permettant de parler de consommation d’alcool chez un patient ambivalent.

Ils ne doivent pas
devenir un enjeu primordial de la relation médecin-patient.

Cet article vous a-t-il été utile ?

Donnez-nous votre avis

Comment pouvons-nous améliorer cet article ?

> Imprimer la page